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Cette étude compare deux groupes littéraires de l’entre-deux-guerres, celui de « l’Inquiétude » (Marcel Arland, André & François Berge, Maurice Betz, René Crevel) et celui intitulé « Jüngstes Deutschland » (Erich Ebermayer, Willi R. Fehse, Wolfgang Hellmert, Klaus Mann, Peter de Mendelssohn, Herbert Schlüter, Wilhelm E. Süskind). Nés entre 1898 et 1908, ces auteurs sont tous marqués par une expérience singulière: Trop jeunes pour être mobilisés pour la guerre, ils ont passé leur enfance et leur adolescence dans le désordre de la guerre, de l’après-guerre et de la première inflation. Appartenant ainsi à « l’ensemble de génération » (Karl Mannheim) de « l’après-guerre » ils se regroupent à l’occasion de publications communes (notamment « Die jüngste Dichtung » et « Les cahiers du mois ») et se donnent le programme d’une génération sans direction et donc inquiète. L’usage fréquent d’une sémantique de la génération dans leurs publications et le recours constant sur leur expérience générationnelle permet d’émettre l’hypothèse que les deux groupes pratiquent une mise en scène de leur identité générationnelle afin de créer un espace de mémoire collective d’une part, qui permet d’intégrer les diverses expériences individuelles, et, d’une autre part, de se positionner dans le champ littéraire de l’époque. À partir de ce concept, il convient de comparer les idées et les sujets littéraires des deux groupes qui sont, pour l’une comme pour l’autre, fortement liés à leur identité générationnelle.